Aller au contenu principal
Search
Agriculture et foresterie
 - 06 september 2024

L’agroforesterie réunit le Pacifique à Fidji

L’atelier régional Agroforesterie organisé par le projet PROTEGE et ses partenaires PIFON, POETCom et AGIR NC a réuni plus de 60 participants à Fidji et une quinzaine sur Nouméa entre le 26 et le 30 août 2024. Il est financé dans le cadre du 11e Fonds européen de développement (FED) régional.

S’inscrivant dans l’objectif de coopération régionale du projet entre les Pays et Territoires d'Outre-mer (PTOM) et les pays Afrique Caraïbe Pacifique (ACP), cet atelier marque la fin de PROTEGE, venant conclure 5 années d’expérimentation en agroforesterie dans le Pacifique.

L’agroforesterie, une réponse aux défis du changement climatique

Photo de groupe des participants à l'atelier agroforesterie en nouvelle-calédonie

L’agroforesterie constitue une réponse adaptée aux défis du changement climatique en permettant une agriculture durable et résiliente, adaptée aux contextes pédo-climatiques des territoires du Pacifique. L’agroforesterie contribue ainsi à améliorer la sécurité alimentaire.

Ces pratiques, qui associent sur une même parcelle l’arbre aux cultures agricoles et/ou d’élevage, sont parfois ancestrales. Elles ont souvent été oubliées ou délaissées et renaissent aujourd’hui, sous l’impulsion d’agriculteurs passionnés, de chercheurs inspirés et de techniciens séduits. Ces pratiques font l’objet d’expérimentations intègrant la recherche, l’innovation et l’échange de savoir-faire. 

L'agroforesterie doit rester un atout pour les agriculteurs. Les méthodes de production se veulent durables, écologiquement responsables et rentable."C’est le point sur lequel il va falloir se concentrer car on ne peut pas proposer une solution aux professionnels qui ne leur permettent pas de gagner leur vie. Il faut travailler là-dessus, explique Marc Fabresse, Secrétaire général de la Chambre d’Agriculture et de la pêche lagonaire de Polynésie française."

Le projet PROTEGE financé par l'Union européenne et mis en oeuvre par la Communauté du Pacifique (CPS), est convaincu de la nécessité de réintroduire l’arbre dans les pratiques agricoles. C'est pour cette raison qu'il soutient le développement d’un réseau d’acteurs impliqués, dans les PTOM du Pacifique et même au-delà, notamment via l’aide apportée à l’association AGIR NC. "Pour l'Union européenne, soutenir l'agroforesterie est devenu un élément central de notre stratégie pour le développement d’une agriculture plus verte et plus résiliente, communément appelée le Pacte Vert, assure George Dehoux, adjoint au Chef du Bureau de l'Union européenne. Cette stratégie vise à développer et à reproduire des modèles agricoles qui sont à la fois plus productifs, respectueux de l’environnement et durables"

Le bilan de ce travail a été présenté durant l’atelier régional.

Un événement basé sur l’échange d’expériences

participants à nandi pendant un atelier

Les objectifs de cet évènement basé sur l’échange d’expériences étaient multiples :

  • Faire un point sur les connaissances acquises et les expérimentations réalisées durant PROTEGE.
  • Transmettre ces connaissances pour permettre une continuité des projets et des initiatives après PROTEGE, en renforçant les capacités des territoires dans le domaine de l’agroforesterie.
  • Faire se rencontrer des agriculteurs et des techniciens issus d’horizons différents, avec des motivations, contextes et objectifs souvent très variés.

Cet atelier a proposé des visites de sites agroforestiers sur l’ile de Nandi, des conférences de spécialistes en plénières et des sessions de travail en petits groupes.

Des expérimentations qui ont fait leurs preuves

Les conférences en plénière ont pu être suivies sur place à Nandi et en visio-conférence à la Communauté du Pacifique (CPS) de Nouméa. Cette visio-conférence a permis un échange entre les différents publics. Les conférences ont mis en lumière certaines expériences agroforestières qui ont lieu dans les iles du Pacifique mais aussi à la Réunion et en Australie, ainsi que le résultat d’études sur plusieurs territoires.

Par exemple, le travail effectué par le Calédonien Julien Lebreton à Bouraké, qui a réussi à faire pousser des légumes et ramener la biodiversité sur un terrain dénudé et à priori stérile, dans des conditions quasi-désertiques. Ou encore, l’Australien Scott Hall qui produit de grandes quantités de légumes grâce à des arbres support ou la Samoane Floris Niù qui a fait revivre une communauté dans son île autour du l’exploitation du cacao, de légumes et de fruitiers au milieu de la forêt.

Trait d’union entre les savoirs ancestraux et les pratiques innovantes

Concernant les visites de site, les participants ont pu découvrir un projet lié au développement de l’arbre à pain en association avec des bananiers et d’autres arbres support.  De même, ils ont eu l’opportunité de faire honneur au travail remarquable d’une communauté de femmes proposant leurs diverses productions agricoles transformées dans une boutique et un restaurant. Ces visites ont permis aux participants de toucher du doigt le trait d’union entre les savoirs ancestraux et les pratiques innovantes.

Visite de terrain

Des sessions de travail créatives

Les sessions de travail, intitulées « pépinières d’idées » ont permis aux participants de réfléchir ensemble à des problématiques issues des travaux de PROTEGE, liées à la collecte de données technico-économiques, à l’accompagnement de nouveaux projets, au partage des connaissances et aux services éco-systémiques rendus par l’agroforesterie.

L’objectif de ces sessions « pépinières d’idées » était de produire de façon concertée une feuille de route identifiant des pistes à suivre pour imaginer une suite aux projets d’agroforesterie initiés par PROTEGE.

Les participants, réunis en sous-groupes, ont été invités à discuter ensemble des actions pertinentes à mettre en œuvre pour le développement futur de l’agroforesterie dans le Pacifique. Quatre thématiques ont été abordées :

  • Pratiques et connaissances techniques en agroforesterie
  • Références technico-économiques
  • Installation et accompagnement des projets agroforestiers
  • Services écosystémiques des systèmes agroforestiers
Groupe de personne autour d'une table travaillant sur un sujet

Ces « pépinières d’idées » ont permis de produire plus de 20 fiches-actions, reposant sur les principaux axes suivants :

  • Le partage entre les différents acteurs de l’écosystème de l’agroforesterie dans le Pacifique via un observatoire, un réseau, la disponibilité de fiches techniques et le développement d’outils digitaux.
  • La recherche (universitaire – laboratoire – terrain) sur les apports et les services éco-systémiques des arbres adaptés aux territoires, avec la production de données technico-économiques et de référentiels techniques.
  • La formation de tous niveaux, avec la production de supports pédagogiques adaptés.
  • Un cadre règlementaire permettant la rétribution de l’agriculteur pour les services éco-systémiques, des aides à l’organisation et la planification des projets agroforestiers.
  • Une visibilité des produits agricoles issus de l’agroforesterie.
  • L’intégration des connaissances traditionnelles dans les données échangées.

Un bilan comprenant les résultats complets de ces travaux sera diffusé au dernier trimestre 2024.

 

Partager cet article